LES POUVOIRS DE L’ÉMOTION : À LA DÉCOUVERTE DU PARCOURS SENSORIEL Dans cet article on vous en dit un peu plus sur le parcours sensoriel qui vous attend les 14 et 15 septembre au Centre Pompidou !

Willem Boshoff, Blind Alphabet

Blind Alphabet est un projet au long cours, initié en 1990. Ce dictionnaire en trois dimensions est composé, à ce jour, de 338 unités sculpturales. Les œuvres individuelles sont présentées comme des formes utilisées pour symboliser un mot, difficile ou abstrait, commençant par la même lettre de l’alphabet. Les sculptures, qui ne peuvent être comprises que par le toucher, sont stockées dans des boîtes, cachées et accessibles uniquement aux aveugles.

Boshoff joue avec la dynamique du privilège entre les voyants et les non-voyants. Dans une inversion des relations de pouvoir, le travail crée une dépendance aux compétences du toucher et de la lecture des guides aveugles. Sans les aveugles présents, le Blind Alphabet reste perdu.

Pascal Haudressy: Un cœur qui bat [A Beating Heart]

Formation, déformation, information : des flux d’images et des calculs incessants forment un mouvement cyclique, une silhouette vibrante comme en état d’apesanteur.

Pour produire cette matière picturale, à la fois chaotique et ordonnée, Pascal Haudressy « détraque » les ordinateurs, joue avec leurs limites. Il introduit des « noises » qui à leur tour, induisent des modifications incontrôlées de l’image. Pris dans un processus itératif, le dessin ne produit plus une structure figée mais des formes en devenir. Ce sont des pulsations, des fréquences, des phases et non plus des surfaces mesurables, tel un graphe électrique.

Steve McQueen, Deadpan

« Dans cette installation, Steve McQueen décline la séquence de Steamboat Bill Junior (1928) où une façade de maison en bois s’abat sur le comédien [Buster Keaton], protégé par l’embrasure d’une fenêtre ouverte. Une douzaine de plans, de valeurs et d’angles différents, sont montés selon une esthétique et une rhétorique cinématographiques. Le corps d’homme noir de Steve McQueen, recadré par rapport à celui de l’homme blanc Buster Keaton, renvoie aux représentations de l’identité noire. Le dernier plan montre le mur de bois s’abattant sur l’écran en l’obscurcissant complètement. Le mur-écran de la salle d’exposition se confond alors avec le mur de la fiction. » Françoise Parfait

Julien Levesque: Data Sonata

Data Sonata retranscrit nos déplacements quotidiens d’une année, sous la forme sensible d’une sonate pour piano accompagnée d’une partition. L’œuvre recompose nos données de position Google sous la forme audible et matérielle d’un disque vinyle 33t. Comme pour mieux nous dévoiler la face cachée de notre empreinte numérique, Julien Levesque exploite les données personnelles de plusieurs de ses proches afin de leurs donner un aspect émotionnel et musical inédit. Ces compositions forment autant de sonates et de partitions qu’il existe d’histoires personnelles, de trajectoires dans nos modes de vies connectés. La vie quotidienne se voit ici transposée par un algorithme mélomane.

Albertine Meunier: Le Livre Infini [The Never-ending Book]

Le Livre Infini, conçu par Albertine Meunier, est un livre entièrement blanc, dont le contenu n’apparait que lorsque l’on tourne ses pages. Dispositif de lecture de contenus numériques et multimédia mélangeant textes, images et vidéos, les images prennent vie sous nos yeux, les mots s’entendent ou se lisent, à l’infini… comme une impression à la volée de matières numériques. En proposant un nouveau mode d’impression du contenu numérique, le Livre Infini concilie le numérique avec la nostalgie du papier.

Compagnie Shonen, Lesson of Moon

Une jeune danseuse et un robot s’engagent dans un processus de mimésis empathique questionnant les représentations et les perceptions du corps à l’heure des nouvelles technologies. Le duo compose des « tableaux vivants » inspirés d’icônes de la peinture religieuse, dans une chorégraphie ritualisée où se glissent des gestes contemporains, comme ceux que les digital natives exécutent sur leurs tablettes tactiles. Évoquant une mystique du corps fusionné à ses représentations passées et actuelles, le spectacle met en évidence notre rapport à une nouvelle communauté humaine, en présence des robots que cette dernière engendre et qui la transforment.

Cécile le Talec: Stanza

Stanza est une dalle, réalisée en scagliola, marbre reconstitué, à l’échelle du corps humain. Le spectateur est invité à s’allonger sur ce « socle », tel un gisant ou un modèle vivant afin d’écouter les sons de la Terre, diffusés à l’intérieur du marbre. En Italie, le scagliola est aussi appelé « pierre chaude » car il renvoie la chaleur du corps, ce qui accentue le rapport sensuel à l’œuvre. Les dessins visibles sur la plaque de marbre figurent le spectrogramme sonore des vibrations de la Terre. Comme pour ses autres œuvres – notamment la tapisserie d’Aubusson « Panoramique Polyphonique » –, Cécile Le Talec associe un savoir-faire artisanal et des matériaux traditionnels à des technologies numériques.

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