La culture du futur sera verte ?

De toutes les couleurs, donnez-moi le vert ! Vert espoir, vert horizon, vert nature, vert Culture ? Bienvenue dans une zone (vert-de-)grise, où l’impact de la culture sur la planète semble bien difficile à évaluer. Œuvres d’art transportées par des kilos de papier bulle, prenant l’avion sur des millions de kilomètres, montées sur des cimaises avec un cycle de vie limité … l’exemple d’une simple exposition pourrait prendre des allures de cauchemar écologique. En parallèle, les artistes et professionnels des industries créatives actionnent leur matière grise (encore !). Entre le pouvoir, le vouloir et le faire, sommes-nous déjà « verts » dans le monde de la culture ? 
 
Aujourd’hui, nous vous proposons un tour de piste des artistes – notre étoile du berger à nous – que l’on suit et qui hackent la technologie pour proposer des imaginaires positifs et cultiver les ferments d’un avenir qui (nous) donne envie. 

Bascule dans les industries culturelles et créatives : de la contrainte à l’affranchissement d’un système ?

La nouvelle tombe, avec surprise ? Nous apprenons que l’important travail réalisé par le LINCC en 2019 – notamment à partir du rapport de The Shift Project – dresse le constat suivant : « Le bilan carbone d’un musée comme le Louvre provient à 99% des émissions liées aux déplacements de ses visiteurs pour environ 4 millions de tonnes équivalent CO₂

Heureusement, les industries créatives contre-attaquent ! En témoignent certaines initiatives comme Récupscène – plateforme mettant en relations des personnes n’ayant plus d’utilité de décors, costumes, ou matériel par exemple, avec d’autres qui pourraient leur donner une seconde vie–  ou Ecoprod – outil permettant de guider et de calculer le bilan carbone de productions audiovisuelles – qui soulignent les importants enjeux autour de la transition écologique des industries culturelles et créatives. Des festivals de musique au secteur de l’édition en passant par le spectacle vivant : tous les arts rentrent dans la danse pour un monde meilleur et plus « green » ! Alors, restons positifs !

Allier fond et forme 

Donner à vivre le monde, c’est chose faite avec l’installation « Voice of nature » (La voix la nature) par l’artiste plasticien et professeur à l’Université de technologie de Delft aux Pays Bas Thijs Biersteker. L’œuvre prend la forme d’un véritable arbre, vivant dans l’une des villes connue comme étant la plus polluée du monde : Chengdu, en Chine. 12 capteurs sensoriels ont été apposés pour collecter des données comme les niveaux de pollution, la photosynthèse et les modèles de croissance.

L’artiste indique que les anneaux de l’arbre, au fil des années, indiquent le bien-être de ce dernier. Dans la même idée, des anneaux concentriques forment un panneau digital qui a été installé derrière l’arbre pour indiquer son état en temps réel, seconde par seconde, pour « donner une voix au changement climatique ». 

On imagine bien l’installation se dupliquer dans une multitude de territoires pour donner à voir une cartographie organique de notre impact sur les arbres et donc la planète !

Hacker les discours sur le green 

Les Yes Men, duo d’activiste américains inconiques (que nous avions sélectionné avec les autres co-commissaires de l’expo Fake News à la Fondation EDF qui se tient jusqu’au 22 janvier 2022 !), s’emparent constamment de sujets sociaux et environnementaux. Avec un credo « plus c’est gros, plus ça passe« , les deux américains se sont fait passer pour des journalistes auprès de politiciens français. Pour ce canular, ils affirment que les Etats-Unis stopperaient net tous leurs investissements en France si le Pacte Ecologique venait à être adopté. Outre les réactions parfois surprenantes des bernés, ce type de coup médiatique montre l’immobilité de certains acteurs politiques et la nécessité de repenser les usages à bien des niveaux… 

Réconcilier les mondes

NFT et écologie, des notions qui semblent opposées : en effet, des estimations indiquent que la vie d’un jeton non-fongible est comparable à l‘activité d’une voiture ayant parcouru 800 km. Outre l’utilisation d’énergies vertes pour alimenter les machines, des acteurs historiques de la blockchain ont mis à contribution les zones de gris de la création d’objets virtuels à des fins vertueuses. Le Studio Larva Labs que l’on connait pour avoir donné naissance à plus de 10 000 CryptoPunks (et 15% du marché des NFT😊), soit les images numériques associées à des NFT parmi les plus convoitées du crypto-marché, a aussi accouché d' »Autoglyphs« . 

« Les Autoglyphes sont le premier art génératif « on-chain » sur la blockchain éthereum Ils constituent un mécanisme entièrement autonome pour la création et la propriété d’une œuvre d’art ».

Les bénéfices de la revente sont versés à l’association 350.org, qui lutte contre le réchauffement climatique et qui accepte les dons en Ethereum ! 

Vers des imaginaires plus « ou-verts » 

Dans un article publié sur le site Usbek et Rica, Magali Payen – fondatrice du mouvement On est prêt écrivait : « Il est primordial de se fixer un cap commun, d’imaginer le monde d’après et donc d’être lucide, mais d’imaginer des utopies lucides. […]Ça passe par faire revivre des expériences de nature aux gens. Il faut aussi, selon moi, qu’on soit beaucoup plus connectés entre humains. »

À l’agence, nous partageons abondamment cette idée de renouvellement et de croisement des imaginaires ! C’est par l’expérience sensible, artistique, esthétique et par la fiction que nous serons en mesure d’imaginer des solutions innovantes pour faire face à tous les défis ! Cela se traduit par un basculement d’une réalité cyberpunk – un monde de machines dirigé par l’IA – à une volonté biopunk : quitter l’imaginaire dystopique et proposer des fictions intimement utopiques et positives !