Trois univers, la culture, la recherche et l’industrie se sont associés pour créer une œuvre en commun. Culture au futur, c’est le nom de cette opération, soutenue par la Région.
Cette photo a été prise avant les mesures sanitaires liées à la crise du coronavirus. Les salariés de Zekat de Creative Tech, les étudiants, les artistes de la Compagnie Mêtis montrent Le Bras de levage qui sera utilisé lors du spectacle. Crédits photo : OUEST-FRANCE
L’initiative
Marier le monde de l’entreprise à l’art et à la recherche pour un projet collectif. C’est le concept de Culture au Futur, créé par la société CréativeTech, une agence d’ingénierie culturelle qui s’est alliée avec la Région des Pays de la Loire.
Cette expérimentation, qui repose sur une collaboration originale, sous forme d’atelier, est inédite. Elle a commencé en septembre 2019 et a continué jusqu’en mars 2020, avant les mesures de confinement prises par le Gouvernement. Pour confronter les modes de pensées, l’idée est de conjuguer l’économie, la création et la technologie en les impliquant dans un projet commun,
indique Laure Kaltenbach, cofondatrice de Creative Tech. Cette association peut être un levier d’innovation.
Un trinôme par département
Au printemps 2019, après avoir identifié les besoins des entreprises, un appel à projet pour les artistes a été lancé. Sur les 120 dossiers reçus, 60 ont été présélectionnés par un jury présidé par Fabrice Hyber, artiste plasticien de renommée internationale et parrain de la première édition. Cinq lauréats ont été retenus. Avec le soutien de laboratoires de recherche ou d’établissements d’enseignement supérieur, cinq trinômes ont été formés pour susciter la création d’oeuvres à partir de supports technologiques ou de matériaux nouveaux.
Pour la première saison, le thème choisi est « l’Incroyable Manufacture ». Explications : « Il s’agit de valoriser l’industrie ligérienne, vitrine de notre territoire, et ses savoir-faire, en les mettant au service de la culture grâce à ce projet visionnaire et ambitieux, créateurs de liens, au service de tous les talents » souligne Christelle Morançais lors du lancement officiel à l’automne 2019.
Démystifier la technologie
Au sein de l’entreprise ZeKat, groupe industriel français dont le siège est situé à Angers, c’est la Compagnie Mêtis de Marc Beziau et Nicolas Berthoux qui a été choisie. Lors des ateliers qui ont commencé en septembre, pour une durée de six à huit mois, les artistes ont travaillé aux côtés de salariés mais des jeunes étudiants de l’école polytechnique de l’université d’Angers.
« Nous mettons en scène les technologies de ZeKat, en particulier un bras de levage. Une danseuse va danser avec. L’idée est de jouer sur la peur des technologies. Ka machine n’est pas notre ennemi. C’est un outil qui s’apprivoise », explique Marc Beziau.
Et ce sont les jeunes de Polytech Angers qui ont programmé le variateur et le moteur de la machine. « Nous avons mobilisé les compétences que nous avons apprises en cours », explique Laura Texier, l’une des étudiantes.
Les quatre autres trinômes de Culture au Futur
- Mayenne : l’entreprise de fabrication de tissus Toiles de Mayenne, à Fontaine-Daniel, dans le nord-Mayenne, Pietro Seminelli et l’école nationale supérieure d’ingénieurs du Mans se sont associés pour créer un nouveau matériau.
- Vendée : Mulliez-Flory, groupe textile, Maud Louvrier-Clerc et Sébastien Lahaye, de l’école Polytech d’Angers, vont s’attacher au cycle de vie du vêtement.
- Loire-Altantique : Algam, leader pour l’importation et la distribution d’instruments de musique, le Collectif Orum et le laboratoire des sciences du numérique de Nantes, vont proposer un spectacle immersif autour de la première guitare connectée, la Lâg HyVibe.
- Sarthe : Colart, leader mondial des activités artistiques et creatives installé au Mans, Elladj Lincy-Deloumeaux et le laboratoire chimie et interdisciplinarité vont exposer des produits à différentes réactions chimiques et physiques en rapprochant ainsi la recherche artistique autour de la peinture comme matière vivante.
Représentation reportée en novembre
Dans leur projet, c’est l’humain qui est au coeur de l’activité. La sécurité est encore plus exacerbée. « Il nous fédère et nous aère la tête, indique Pascal Denoël, président du groupe ZeKat. Pour nous, une entreprise est un lieu de réalisation et d’innovation. » Au final, chercheurs, entreprises et artistes sont sortis de leur zone de confort pour participer à Culture au Futur.
En raison de la pandémie du Coronavirus, le calendrier de la première édition a été chamboulé. Les ateliers, dont certains étaient arrivés au bout du cycle, ont cessé. La représentation des cinq trinômes était prévue en juin. Elle est reportée en novembre prochain. Les appels à projets, pour les entreprises et les artistes, pour la deuxième édition, devraient être lancés à la rentrée, en fonction de la situation économique et sanitaire.
Melle-Tialane N’Goma